Les Hirondelles

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Captif au rivage du Maure
Un guerrier, courbé sous ses fers
Disait : Je vous revois encore
Oiseaux ennemis des hivers
Hirondelles, que l’espérance
Suit jusqu’en ces brûlants climats
Sans doute vous quittez la France
De mon pays ne me parlez-vous pas ?

Depuis trois ans je vous conjure
De m’apporter un souvenir
Du vallon où ma vie obscure
Se berçait d’un doux avenir.
Au détour d’une eau qui chemine
À flots purs, sous de frais lilas,
Vous avez vu notre chaumine
De ce vallon ne me parlez-vous pas ?

L’une de vous peut-être est née
Au toit où j’ai reçu le jour
Là d’une mère infortunée
Vous avez dû plaindre l’amour

Mourante, elle croit à toute heure
Entendre le bruit de mes pas
Elle écoute, et puis elle pleure
De son amour ne me parlez-vous pas ?

Ma sœur est-elle mariée ?
Avez-vous vu de nos garçons
La foule, aux noces conviée
La célébrer dans leurs chansons ?
Et ces compagnons du jeune âge
Qui m’ont suivi dans les combats
Ont-ils revu tous le village ?
De tant d’amis ne me parlez-vous pas ?

Sur leurs corps l’étranger peut-être
Du vallon reprend le chemin
Sous mon chaume il commande en maître
De ma sœur il trouble l’hymen
Pour moi plus de mère qui prie
Et par-tout des fers ici-bas
Hirondelles de ma patrie
De ses malheurs ne me parlez-vous pas ?

Text: Pierre-Jean de Béranger (vor 1830)
Musik: auf „A peine au sortir de l’enfance“ aus der Oper „Joseph“ von Etienne Méhul (1807)


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